Amériques
Le cigare de Fidel Castro, arme de séduction massive
Les dictatures, elles aussi, ont droit à leur « soft power ». Pour Cuba, cela fut et demeure le cigare. Fidel Castro (1926-2016) a payé de sa personne pour assurer la promotion d’une spécialité mondialement appréciée, vitale pour une économie chancelante et vecteur d’exportation du romantisme révolutionnaire latino-américain.
Tout a pourtant mal commencé. L’île de Cuba est la Mecque du cigare – en y débarquant, les compagnons de Christophe Colomb voient les Taïnos tirer sur des feuilles de tabac roulées –, mais le départ en exil des exploitants après la révolution de 1959 désorganise la production. L’embargo décrété par les Etats-Unis nuit aux débouchés commerciaux, mais lorsque la figure charismatique du nouveau régime allume l’un de ses Cohiba Coronas Especiales, c’est comme s’il levait le poing. Des années durant, il ne sera de photo de Castro sans un havane aux lèvres.
Le cigare de Fidel a un nom. Dérivé du terme indien désignant les feuilles de tabac, Cohiba va devenir une marque. C’est le chef de la révolution lui-même qui a demandé que soit produit ce havane garanti artisanal et certifié révolutionnaire. D’abord réservés à la nomenklatura, aux diplomates ou aux dirigeants des pays amis, les Cohiba sont exportés à partir de 1982, et on se les arrache.
L’appétence de Castro pour les barreaux de chaise (son modèle préféré mesure 15,5 centimètres) inspire de sombres mais vains projets à la CIA, qui envisagera d’empoisonner ses cigares, de les charger d’explosifs ou de les imprégner de LSD. Face à ces menaces, la fabrique Cohiba prend des allures de Fort Knox.
Amériques
A Cuba, Miguel Diaz-Canel réélu sans surprise président pour un second mandat

Ayant obtenu plus de 97 % des suffrages des membres de l’Assemblée nationale dans un pays ou l’opposition est illégale, le président a promis de lutter pour « résoudre les problèmes d’inefficacité » de Cuba.
Miguel Diaz-Canel, 62 ans, a sans surprise été réélu, mercredi 19 avril, à la tête de l’île communiste de Cuba pour un second et dernier mandat. La candidature unique de cet ingénieur en électronique de formation a recueilli 97,66 % des voix des 470 membres de l’Assemblée nationale, dans un pays où l’opposition est illégale. Au total, 459 députés ont voté en sa faveur sur les 462 présents dans l’hémicycle.
« Compte tenu des résultats annoncés, je déclare Miguel Mario Diaz-Canel Bermudez président de la République », a déclaré Esteban Lazo, le président de l’Assemblée nationale en présence de Raul Castro, 92 ans. Vêtu de son traditionnel uniforme vert olive, ce dernier a félicité le président réélu en lui serrant les deux mains.
Miguel Diaz-Canel, qui est aussi depuis 2021 le premier secrétaire du Parti communiste cubain (PCC), a pressé dans son discours d’investiture son cabinet de « résoudre les problèmes d’inefficacité » dans le pays, afin d’« augmenter l’offre de biens et de services et de contrôler l’inflation ». Il a également fustigé « le bureaucratisme, l’indifférence et la corruption inacceptable » qui freinent les progrès du pays pris dans de « profondes difficultés ».
Lors de la session parlementaire, à laquelle seule la presse d’Etat a eu accès, a également été réélu le vice-président, Salvador Valdes Mesa, 77 ans. Le Parlement a, en outre, réélu son président, Esteban Lazo, et sa vice-présidente, Ana Maria Mari Machado.
Amériques
Cuba : une plainte déposée à l’ONU contre les incarcérations arbitraires

L’ONG Prisoners Defenders a mis à jour un schéma systématique de violation des droits des personnes dans les procédures judiciaires contre 300 participants aux manifestations de juillet 2021.
Ciro Ernesto, âgé de 27 ans, a été arrêté à La Havane après avoir filmé avec son téléphone la manifestation du 11 juillet 2021, lors de laquelle des milliers de Cubains sont sortis dans la rue pour crier à la fois « nous avons faim ! » et « à bas la dictature !». Lui-même, a-t-il affirmé, observait le cortège, monté, avec sa fiancée, sur son scooter électrique. Dans le rapport policier qui a suivi son interpellation et son incarcération immédiate, décidée sans qu’intervienne un juge, les agents ont assuré qu’il « proférait des phrases dénigrantes contre le gouvernement révolutionnaire » et que son objectif était de « perturber la tranquillité citoyenne ». Le procès a abouti à sa condamnation à sept ans de prison ferme pour désordres publics et atteinte à l’autorité.
Son cas est un parmi les quelque 300 autres qui figurent dans la plainte contre le gouvernement cubain présentée jeudi 2 mars, à Madrid, par l’organisation Prisoners Defenders. On y trouve aussi celui de Lizandra Gongora, âgée de 35 ans, mère de cinq enfants, condamnée à quatorze ans de prison pour sabotage par un tribunal militaire en raison de sa participation aux manifestations du « 11-J » à Güira de Melena, au sud de La Havane. Ou encore les dossiers de dizaines de jeunes qui purgent des peines de vingt ans d’emprisonnement pour « sédition » aux quatre coins de l’île. Baptisée « 1 000 familles contre le gouvernement cubain », cette plainte « historique » sera déposée d’ici à la fin du mois devant le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies.
« Durant des années, nous avons dénoncé les arrestations de dissidents politiques, mais ces cas individuels ont un impact relatif, souligne Javier Larrondo, président de Prisoners Defenders. A présent, nous avons trouvé un schéma commun, ce qui va permettre pour la première fois à l’ONU d’examiner plus de 300 cas à la fois et d’exiger de Cuba qu’il s’explique sur ces violations des droits humains. »
Selon l’ONG, les prisons cubaines renferment actuellement 1 077 prisonniers politiques, parmi lesquels 37 mineurs et 126 femmes. Dans tous les cas analysés, sept caractéristiques se retrouvent : l’incarcération provisoire est ordonnée par un policier « instructeur » ou un procureur, sans qu’un juge intervienne ; les avocats défenseurs ne sont pas indépendants ; il n’existe pas d’indépendance judiciaire ; ni de garanties sur l’impartialité des témoins et des experts ; les arrestations se sont produites dans le cadre de l’exercice de droits fondamentaux, tels que la liberté d’expression ou de manifestation ; les délits imputés ne sont pas clairement définis ; et, enfin, les procès sont sommaires ou menés par des tribunaux militaires.
Amériques
L’ambassade américaine à Cuba reprend la délivrance de visas pour les Cubains désirant s’installer aux Etats-Unis

Cette reprise se fait dans un contexte d’exode record vers les Etats-Unis mais sans que se dessine une normalisation des relations entre Washington et l’île communiste.
Frappée par une grave crise économique, Cuba connaît un exode migratoire sans précédent. C’est dans ce contexte que l’ambassade américaine à La Havane reprend, mercredi 4 janvier, la délivrance totale de visas pour les Cubains désirant s’installer aux Etats-Unis.
« Les Etats-Unis s’efforcent d’assurer une émigration sûre, légale et ordonnée pour les Cubains en étendant ses services consulaires à La Havane et en reprenant [les procédures] de regroupement familial », a fait savoir vendredi la représentation diplomatique américaine, dans un communiqué confirmant la reprise au 4 janvier.
L’ambassade avait annoncé en mars la réouverture de son consulat, fermé depuis 2017 en raison de supposés incidents de santé ayant touché des diplomates. Plusieurs rencontres de haut niveau sur la question migratoire ont suivie, d’abord à Washington puis à La Havane, avec l’objectif de réactiver les accords migratoires entre les deux pays interrompus sous la présidence de Donald Trump (2017-2021).
En mai, le consulat a ainsi repris de façon « limitée » la délivrance de visas pour les Cubains souhaitant émigrer, puis l’ambassade a annoncé une reprise totale des procédures, sauf visa de tourisme, pour janvier 2023.
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